Quelques semaines après avoir quitté la Lorraine à l'issue d'une saison de galères, l'Algérien remet les pieds ce vendredi à Metz, sous les couleurs de Bastia, en quête d'un renouveau.
"Retrouver Saint-Symphorien, j'y pense depuis le jour où je me suis engagé avec Bastia. Même si, finalement, notre histoire n'est pas allée jusqu'à son terme, je n'oublierai jamais que les dirigeants et Jean Fernandez m'ont tendu la main à un moment où je n'étais pas bien. Alors, forcément, ça se bouscule dans ma tête. Mais au moment où le match commencera, j'occulterai tout ça pour me concentrer uniquement sur mon rôle."
Quand il évoque les deux années et demie qu'il a passées à Metz, à l'heure d'accueillir, vendredi, son ancienne équipe avec le maillot de Bastia sur le dos, Mehdi Meniri le fait avec autant de passion que de mélancolie dans la voix. Indéniablement, où qu'il aille désormais, il a laissé une partie de son coeur dans la ville lorraine. Même si, après le départ de Jean Fernandez, rien n'a plus été comme avant. A entendre Meniri, la saison dernière est d'ailleurs à oublier. "Elle a été pour moi à l'image de celle de l'ensemble de l'équipe, autrement dit mauvaise. J'en ai raté le début à cause d'une opération au ménisque, ensuite j'ai connu des problèmes au dos qui m'ont perturbé durant un mois et demi, sans oublier trois cartons rouges. Résultat, j'ai joué vingt matches."
Surtout, le courant n'est, semble-t-il, jamais passé avec Joël Muller. L'international algérien, si disert dès qu'il s'agit de Fernandez, préfère ne pas revenir sur le sujet. Reste qu'il n'est pas allé au bout de son contrat, qui courait pourtant jusqu'en 2007. "J'aurais pu rester car le nouvel entraîneur, Francis De Taddeo, m'avait clairement dit qu'il comptait sur moi. De plus, je disposais d'un contrat très intéressant financièrement. J'aurais pu rester pour l'argent, mais mon choix s'est imposé tout naturellement. Il était hors de question de passer une année de plus dans un environnement qui, malgré la confiance de l'entraîneur, ne me convenait pas. On s'est donc séparés à l'amiable."
A vingt-neuf ans, Meniri a donc quitté l'Est, où il avait toujours évolué (d'abord Nancy, puis Troyes et Metz). Dans un premier temps, il s'est tourné vers l'Angleterre en effectuant un essai à Leeds (en Division One, l'équivalent de la L2 française). Sans succès. Tout comme à Tarragone, promu en Liga (L1 espagnole), où les Espagnols courtisèrent "en priorité" Caceres, le défenseur de Nantes, pour finir par le récupérer. Et écarter Meniri. Août arrivait et le défenseur n'avait toujours pas de club. Alors, quand Bastia lui a proposé de venir poser ses valises sur les bords de la mer Tyrrhénienne, tout alla très vite. "Bernard Casoni m'a brossé le tableau de la situation, des ambitions du club et de ce qu'il attendait de moi. Même si la proposition salariale de Bastia était inférieure à celle que j'avais en Lorraine, je n'ai pas hésité. Les ambitions du Sporting rejoigne les miennes, je me suis donc engagé pour deux ans."
Depuis, les choses n'ont pas traîné. Après avoir été présenté au public de Furiani le soir de la venue de Reims, il y a deux semaines, Meniri est parti en sélection algérienne affronter le Gabon. De retour à Bastia le mercredi suivant, il participe à un premier entraînement avec ses nouveaux coéquipiers, avant de plonger dans le grand bain le surlendemain. "A Ceau, vendredi dernier, Bernard Casoni m'a fait entrer à une demi-heure de la fin. Ce n'était pas évident de trouver d'emblée mes repères. Mais, même si, à l'arrivée, nous avons malheureusement été battus, j'ai le sentiment que, sur un plan personelle, les choses se sont globalement bien passées." Après ce hors-d'oeuvre, ce vendredi soir, c'est un autre rendez-vous tout aussi important qui attend les Bastiais. Il s'agit maintenant de défier le dauphin des Caennais, ce FC Metz si cher au coeur de Mehdi Meniri. "Je n'oublierai jamais Metz. Mais, désormais, je suis bastiais et mon unique objectif est d'aider à la réussite du club, à savoir retrouver l'élite à la fin de la saison." Il semble d'autant plus motivé que Bastia et Meniri avaient déjà raté un rendez-vous par le passé. "J'avais déjà failli venir ici il y a deux ans, alors que le club était en L1. Finalement, ça s'est fait un peu plus tard. En tout cas, j'ai trouvé ici ce que je recherchais après la saison dernière. Il y a un groupe qui vit bien. C'est un savant dosage de joueurs expérimentés et de jeunes. Et puis, il y a un environnement favorable. C'est tout ce qu'il me fallait : retrouver le plaisir au sein d'un collectif qui s'entend bien et redécouvrir l'ambition."
La remontée, il la vise à tous les niveaux, aussi bien à titre collectif que personnel, via notamment la sélection algérienne. "En 2004, tout comme cette année, je n'ai pas pu disputer la phase finale de la CAN avec la sélection nationale. Avec elle, ce n'est pas très simple. Cette année, il me semble cependant que c'est bien parti. J'ai donc répondu avec grand plaisir à l'apell du nouveau sélectionneur, Jean-Michel Cavalli. Mon souhait, désormais, serait de pouvoir disputer avec l'Algérie la phase finale de la Coupe du Monde en Afrique du Sud." Un horizon étoilé précédé, dès ce vendredi, d'un rendez-vous aux sentiments étiolés sur la pelouse de Saint-Symphorien.